mardi 19 avril 2011

Art et génétique : le Bio-Art




À l’occasion de l’exposition «LIFE, LIGHT & LANGUAGE » (La vie, la lumière et le langage), qui s’est tenue au centre des arts d’Enghien-les-bains, et qui ne valait pas vraiment le détour à mon sens, cela me permet d’aborder ce qui semble être un des pans de l’art contemporain : le Bio-Art. Plutôt que de vous parler de l’exposition en soi, j’évoquerai ce mouvement( ?), notamment par l’intermédiaire d’Eduardo Kac, considéré comme le pape du bio-art.

Par le terme « Bio-art », il ne s’agit pas d’entendre un art qui se voudrait écologique, prenant en compte des énergies nouvelles ou tout autre critère qui pourrait ravir Nicolas Hulot. Que nenni. Par bio-art, il s’agit plutôt de désigner un art qui utiliserait des techniques et des procédés biotechnologiques. Ainsi, derrière le terme « bio-art » se cache ce qu’il conviendrait d’appeler autrement : l’art biologique. Il s’agit donc d’un art incluant des procédés scientifiques, biologiques, allant même jusqu’à la manipulation génétique.
Symbole de ce bio-art, le lapin phosphorescent (cf photo), qui est à Eduardo Kac ce que le Inflatable Rabbit est à Jeff Koons. Ce lapin phosphorescent, une lapine nommée Alba en fait, a été obtenue en Février 2000, par une manipulation génétique, consistant à introduire un gène de méduse dans le métabolisme d’un autre animal : le lapin. Ce procédé, cette œuvre, a permis de faire connaître Eduardo Kac, non moins grâce à la polémique engendrée. Il rééditera d’ailleurs par la suite ce procédé sur des souris. Depuis, Eduardo Kac est considéré comme le pape et le précurseur du bio-art. Pour lui, il s’agit d’un art au service de « la création d’êtres vivants, qui ne sont pas dans la nature, mais biologiquement existants». L’idée est alors « d’intervenir sur le monde » par le biais de l’art pour le changer (ce monde). L’intention de Kac est donc de créer quelque chose d’inexistant dans la nature, en y modifiant quelques codes (génétiques en l’occurrence) afin de changer l’ordre naturel. Cela permet à l’artiste de façonner selon son esprit, telle ou telle chose, via une manipulation biologique. Autre œuvre à son actif, présente à l’exposition « Life, Light & Language», l’introduction de son propre ADN dans le métabolisme d’une plante. Il s’agit ici, d’injecter une protéine humaine, la sienne, dans le métabolisme d’une plante, poussant celle-ci à produire et renouveler d’elle-même cette protéine humaine.
À partir de là, il est facile de comprendre en quoi le bio-art peut susciter une controverse et des réticences quant à son acceptation comme art. En effet, le bio-art amène à se poser un certain nombre de questions, et notamment d’un point-de-vue moral et éthique. Si le procédé même du bio-art créé une controverse, c’est sans doute par le fait que l’utilisation des biotechnologies à des fins scientifiques suscite déjà elle-même des controverses. Or, tandis que l’on peut avancer l’argument de l’utilité et de la fin en soi pour justifier son utilisation dans le domaine scientifique, cela s’avère moins évident pour le domaine artistique. En effet, tandis que la génétique trouve sa justification dans le fait d’être au service de l’homme et de pouvoir aider les gens (« Aider son prochain !»), cela apparaît moins indéniable par l’utilisation qui en est faite dans le bio-art. Ainsi, l’utilisation de la science se fait à des fins purement esthétiques, ou n’a tout du moins pas vraiment d’autre but que de faire œuvre. Mais n’est-ce pas justement là le propre de l’art ? De ne pas avoir de finalité en soi. De n’avoir ni but, ni intention. De ne pas être forcément au service d’une cause. Mais ce que révèle surtout le bio-art c’est un tout autre aspect de l’art : un art en phase avec son temps.
En effet, en incluant des procédés technologiques et scientifiques, le bio-art prend conscience de sa contemporanéité. Et c’est peut-être là l’enjeu clé. Par les œuvres de Kac, on peut penser que cela permettra d’appréhender pour les générations futures, les procédés et évolutions de notre époque. Pour autant, peut-on considérer le bio-art comme un véritable mouvement de l’art contemporain ? N’est-il pas un simple pan de celui-ci ? N’est-il pas une simple tendance ou même la folie d’un artiste, en la personne de Kac ? D’autres artistes comme Marta de Menezes et ses papillons, ou dans une moindre mesure Olga Kisseleva, semblent confirmer cette tendance. En somme, le bio-art suscite autant de questions dont les réponses seront peut-être apportées avec le recul. Cela n’en empêche pas moins de découvrir un artiste comme Eduardo Kac, et d’appréhender plus amplement ce qui se cache derrière le bio-art. En attendant, d’avoir plus de recul peut-être, chacun se fera son avis.

Lien vers vidéo parlant de l'exposition « Life, Light & Language » et d'Eduardo Kac :  Ici


- Baudriand -

vendredi 1 avril 2011

Kate Muse




Kate Moss, par Bansky

Comment parler de Kate Moss, tout en essayant de rester objectif et de ne pas y mettre une touche de subjectivité trop évidente ; mon but n’est pas tant de parler d’elle, que de ce qu’elle représente. À travers cet article, le sujet n’est pas tant Kate Moss, mais plutôt l’idée d’une icône culturelle et d’une muse pour un bon nombre d’artistes contemporains. Il est donc question de l’impact qu’elle suscite dans notre société et dans notre espace culturel.
Kate Moss est ce qu’on peut appeler : une icône. Elle est une source d’inspiration pour toute une génération, celle des années 90-2000, à la fois référence et miroir de celle-ci. Ce statut d’icône la propulse bien au-delà des podiums et du cercle de la mode, au sein même d’une culture populaire. Elle fascine et inspire par son image. Il y a donc bien une Kate Moss comme icône, mais il y a également une Kate Moss comme muse pour un certain nombre d’artistes actuels. En effet, d’une peinture de Lucian Freud au daguerréotype de Chuck Close, en passant par une sculpture de Marc Quinn, tous ces artistes se sont inspirés ou ont dédiés une de leurs œuvres à Kate Moss ; à l’instar d’une Marylin Monroe immortalisée (un peu plus) par une sérigraphie de Warhol. C’est d’ailleurs sous ce modèle de la sérigraphie qu’un artiste comme Bansky (auteur du film Faîtes le mur ! en 2010) tend à lui rendre hommage. Par cela, Kate Moss apparaît comme la muse universelle de notre époque, à la fois Kiki de Montparnasse et Brigitte Bardot. Mais elle s’inscrit surtout dans l’histoire de l’art de notre époque. Dès lors, certains se rappelleront peut-être, par ces œuvres, de qui elle était, de ce qu’elle représentait et véhiculait dans notre société. De la même manière que l’on se souvient de Marylin Monroe, il y a de forte chance qu’on se souvienne de Kate Moss ; pas seulement comme icône de la mode, mais davantage comme icône culturelle. Le recul nous permettra de mieux prendre conscience de l’impact d’une telle personnalité, de confirmer ou non un statut d’icône au caractère intemporel. Néanmoins, l’on ne peut nier une influence dans le domaine de l’art à travers ces œuvres, qui lui confère d’ors et déjà le caractère de muse des temps modernes.


Je profite de cet article pour soumettre l’idée à notre enseignant préféré, d’inviter Kate Moss. 


- Baudriand -